L’annonce d’un cancer marque le début d’une odyssée solitaire et radicale, d’où l’on n’est pas certain de revenir. Comment vit-on cette expérience ? Par quelles étapes passe-t-on ? Qu’y découvre-t-on de soi ?
Annoncer le cancer, une responsabilité médicale à part entière
L’annonce d’un cancer implique une consultation longue et spécifique, dédiée à l’annonce du diagnostic confirmé, qu’il soit initial ou lors d’une rechute. La consultation d’annonce est obligatoirement réalisée par un médecin formé et expérimenté acteur du traitement (oncologue, hématologue, onco-pédiatre, chirurgien, spécialiste d’organe) exerçant en établissement de soins. Les médecins généralistes, radiologues ou spécialistes d’organe, exerçant en ville, sont aussi, amenés à annoncer un diagnostic de cancer bien que les objectifs du dispositif d’annonce mettent en évidence le temps hospitalier de l’annonce. Le rôle des médecins de ville se trouve davantage dans l’orientation.
Les consultations se déroulent dans une ambiance calme et, de préférence, sans interruption extérieure. Ecouter et créer une relation de confiance avec le patient, sont essentiels. En effet, c’est en instaurant un fort sentiment de confiance que les informations seront entendues et comprises par le patient. Cet échange, permet, par une meilleure compréhension, une meilleure implication dans le déroulement de son traitement.
La durée de ces consultations médicales varie en fonction de chaque patient et de leurs attentes. La présence d’un ou de plusieurs accompagnants est la plupart du temps suggerée. Seul le patient est décisionnaire.
Les buts de cette consultation sont :
- d’informer le patient sur sa maladie.
- de l’informer sur les alternatives thérapeutiques, de permettre un dialogue autour de cette information, tout en respectant le poids de celle-ci et les émotions qu’elle peut susciter.
- d’identifier les conditions psychologiques et sociales qui constituent le quotidien du patient.
- de l’informer que son dossier sera discuté en RCP et de fixer un rendez-vous rapide pour l’informer du projet thérapeutique qui lui sera proposé.
Annoncer la stratégie thérapeutique, un moment déterminant pour la suite du parcours
L’annonce de la stratégie thérapeutique se déroule très souvent dans un deuxième temps, et dans tous les cas après la réunion de concertation pluridisciplinaire.
Elle doit permettre :
- d’informer le patient sur les propositions thérapeutiques, les risques et effets secondaires possibles.
- de permettre au patient de prendre les décisions concernant sa santé et s’il le désire obtenir un deuxième avis.
- de proposer un relais avec d’autres soignants.
- d’informer le médecin traitant.
Tout ceci sera formalisé dans le programme personnalisé de soins (PPS). Celui- ci pourra être remis au patient sous plusieurs formes possibles (texte, calendrier, agenda…). Le PPS permet la personnalisation du parcours de soins. Il doit permettre également de repérer plus précocement les difficultés et de mettre en œuvre l’accompagnement social du malade.
Le rôle du soignant (infirmier, manipulateur d’électro-radiologie)
La suite essentielle du temps médical est la consultation para-médicale. Elle est, le plus souvent, effectuée par un infirmier. Il peut aussi s’agir d’un manipulateur d’électro-radiologie participant au traitement de radiothérapie. Le personnel paramédical intervient après la consultation d’annonce du diagnostic et/ou après la proposition de stratégie thérapeutique.
Les conditions de consultation sont semblables à celles de l’annonce du cancer, elles se déroulent au calme et, dans la mesure du possible, sans interruption extérieure, la durée varie en fonction de chaque patient et des accompagnants peuvent aussi être présents.
Ce temps donne la possibilité au malade et/ou à ses proches de rencontrer, selon leurs choix, des soignants disponibles qui écoutent, reformulent, informent et peuvent:
■ orienter la personne malade vers d’autres professionnels tels que :
-l’assistant de service social : le bilan social initial, souvent sous-estimé à ce stade, est important pour aider et améliorer la qualité de vie du patient pendant les soins.
-le psychologue et/ou le psychiatre
■ informer sur les services rendus par les associations et les espaces de dialogue et d’information tels les Espaces Rencontres Information ou autres…(Les associations de malades et les comités de patients peuvent mettre à disposition des équipes engagées dans le dispositif d’annonce des documents d’information facilitant une meilleure approche de la maladie et/ou de ses conséquences sociales.)